Tout savoir sur la retraite supplémentaire
Devrez-vous compléter vos futurs revenus via la retraite par capitalisation ? N’attendez pas pour faire le point. En effet, le système de retraite par répartition a beaucoup évolué au fil des décennies pour s’adapter aux mutations démographiques et économiques de la société. Aujourd’hui, les conditions d’accès à la retraite se sont renforcées. Dans ce contexte, les solutions comme le plan d’épargne retraite (PER) attirent un nombre croissant d’épargnants.

Qu'est-ce que la retraite supplémentaire
Un produit de retraite supplémentaire permet de se constituer une épargne tout au long de sa carrière. L’assurance vie, le plan d’épargne retraite individuel (PER) ou la retraite mutualiste du combattant sont des exemples de produits de retraite supplémentaire. Ils permettent de compléter ses revenus à partir du passage à la retraite. C’est une façon d’anticiper le risque que les pensions de retraite obligatoires soient insuffisantes pour maintenir un bon niveau de vie.
L’épargne retraite pour limiter la baisse de revenus à la retraite
Dans un contexte d’évolutions démographiques et économiques, les Français semblent faire le pari de la retraite supplémentaire par capitalisation. Leur objectif : limiter la baisse de leurs revenus au moment du passage à la retraite. Leur appétence pour l’épargne retraite monte donc en puissance depuis 2019, bien aidée par les pouvoirs publics soucieux de simplifier le cadre existant : la loi Pacte a en effet créé le plan d’épargne retraite (PER) et facilité la généralisation de l’épargne salariale. Fin 2023, l’encours du PER a même dépassé les 100 milliards d’euros, avec plus de 10 millions de détenteurs recensés, selon le ministère de l’Économie. « Longtemps victime d’idées reçues, la retraite supplémentaire par capitalisation n’est plus taboue, nous glisse un spécialiste du sujet. En outre, pour les classes moyennes, l’épargne collective salariale se fait à moindre coût puisque l’employeur abonde le plan de son côté. »
Bien choisir son plan d’épargne retraite (PER)
Les Français auraient tort de se priver de ces compléments de retraite. Même si, pour le moment, tout reste à faire en la matière. La part des versements au titre de la retraite supplémentaire n’atteint d’ailleurs que 5,8 % de l’ensemble des cotisations acquittées en 2021 (3,9 % en 2018), nous dit la DREES(1). « Le PER est un dispositif attractif mais encore jeune, poursuit notre spécialiste. Les Français doivent se l’approprier pour qu’il atteigne son plein potentiel. » Ce que certains ont déjà commencé à faire : les professions libérales et indépendantes, les cadres et cadres supérieurs via les contrats collectifs. « Le maître-mot en matière de retraite par capitalisation est la confiance, reprend l’expert. Même si le secteur est sain en France, chacun doit bien réfléchir au moment de placer une partie de son argent dans un PER. Certains critères de base sont à prendre en compte, comme la solvabilité de l’organisme, la qualité du conseil et celle du produit. »
Comprendre le système par répartition pour faire les bons choix
Composante essentielle de notre modèle social, le système de retraite obligatoire français est souvent mal compris. Il s’appuie sur les principes de la répartition, de la contributivité et de la solidarité intergénérationnelle. En clair, les cotisants d’aujourd’hui financent les pensions des retraités d’aujourd’hui, tout en se créant leurs propres droits à la retraite. Cette couverture vieillesse de base, qui concerne toute la population, est complétée par les régimes complémentaires, eux-aussi obligatoires. Au-delà, pour s’assurer un niveau de vie suffisant une fois leur carrière achevée, de nombreux Français s’orientent vers la retraite supplémentaire : ils cotisent alors pour eux-mêmes à un dispositif d’épargne par capitalisation.
Un équilibre financier difficile à trouver pour le système par répartition
En 2023, 13,4 % du PIB, et donc de la richesse produite dans le pays, ont été consacrés aux pensions de retraite, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). Pourtant, si les dépenses se portent bien, ce n’est pas le cas des recettes et donc du financement des pensions, puisque l’effort repose sur des actifs de moins en moins nombreux. En effet, depuis plusieurs décennies, un double phénomène se conjugue : d’un côté, le faible niveau du taux d’emploi de la population en âge de travailler (69 %) ; de l’autre, un rapport démographique en baisse constante, établi à 1,79 en 2023 (graphique ci-contre). Il en ressort un déficit chronique du système de retraite.
Durcir le système par répartition pour le pérenniser ?
Dans ces conditions, pour tenter de trouver un fragile équilibre financier, le système est régulièrement réformé. Afin de ne pas dégrader le niveau des pensions, d’autres leviers sont activés. Les conditions d’éligibilité sont ainsi adaptées : l’âge de départ et la durée de cotisation ont tendance à s’allonger, en cohérence avec l'allongement de l'espérance de vie et donc de la durée de perception de la pension. En clair, il devient de plus en plus difficile de bénéficier de la retraite. La dernière réforme en date, entrée en vigueur le 1er septembre 2023, ne déroge pas à la règle. En vue de ramener le système à l’équilibre d’ici à 2030, l’âge légal de départ est progressivement décalé de 62 à 64 ans, 43 années (172 trimestres) de cotisation étant désormais nécessaires pour profiter d’une pension à taux plein. Dans son dernier rapport annuel, le COR(2) affirme pourtant que les comptes du système de retraite vont replonger dans le rouge dès cette année, avec un déficit de 5,8 milliards d’euros… Le déficit devant continuer à se creuser « pour atteindre 0,4 % du PIB en 2030 et 0,8 % en 2070 (2) ».
Alors que la réforme de 2023 devait contribuer à faire baisser la part des dépenses de retraite de 0,2 point de PIB en 2030…
Le PER ou la préparation de la retraite dans un cadre fiscal intéressant
En conclusion, au regard de l’évolution du système de retraite, l’épargne supplémentaire s’affirme comme un incontournable pour préserver ses revenus de retraité. Et le PER en est un très bon vecteur, simple et efficace : les sommes versées sont déductibles fiscalement (3) ,la sortie de l’épargne peut se faire en rente viagère ou en capital ou en combinant les deux. Et ne gardez pas ce bon conseil pour vous, parlez-en à votre entourage, notamment aux jeunes actifs !

(1) « Les retraités et les retraites », édition 2023 – Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.
(3) La déduction des versements à l’entrée entraîne une imposition à la sortie.
(2) Conseil d’orientation des retraites – Rapport annuel 2024.